Castor politique

Des fables et de la politique

L’hypocrazy

Connaissez-vous l’hypocrazy ? Je suis sur que non, que vous la confondez avec l’hypocrisie. Quelle erreur ! Voyez vous même :

Hypocrisie : Caractère d’une personne qui dissimule sa véritable personnalité et affecte, le plus souvent par intérêt, des opinions, des sentiments ou des qualités qu’elle ne possède pas.
Hypocrazy : Caractère d’une personne qui invoque sans les appliquer de grands principes moraux et la profondeur de ses émotions pour justifier sa politique partisane, ses jugements péremptoires et ses immixtions sur tout.

L’hypocrazy fait office d’hypocrisie modernisée. La vieille hyocrisie est née des rigidités des anciennes politesses et devenue inutile voir ringarde dans une société moderne n’ayant soi disant plus de tabou. On peut dire n’importe quoi, pourvu qu’on le dise bien et avec conviction, la larme à l’oeil en cerise sur le discours permettant de tout justifier, tout mélanger, tout dire.

En remettant une décoration au premier ministre québécois Jean Charest, M. Sarkozy a plaidé pour l’unité du Canada et le refus du sectarisme, le refus de la division, le refus de l’enfermement sur soi-même, le refus de définir son identité par opposition féroce à l’autre. D’où, pour Mr Sarkozy, l’intérêt d’un ministère de l’identité nationale qui surveille que nos immigrés laissent bien leur culture à la frontière.

D’après Sarkozy, l’origine de son propre humanisme est à chercher dans l’idée qu’il se fait de la France d’ un pays qui rassemble et non pas qui divise… un pays, par exemple, qui rassemble les immigrés dans des charters et des camps de transit pour que tous les noirs et les autres puissent se retrouver et partager leur bonheur d’être en Europe.

Sarkozy cultive l’hypcrazy, se mêlant, comme l’a fait De Gaulle, de ce qui ne le regarde pas, mais à la manière des méchants d’Alain :

La force des méchants c’est qu’ils se croient bons, et victimes des caprices d’autrui. Aussi parlent-ils toujours de leurs droits, et invoquent-ils perpétuellement la justice; toujours visant le bien à les entendre; toujours pensant aux autres, comme ils disent; toujours étalant leur vertus, toujours faisant la leçon, et de bonne foi.

L’hypocrazy, c’est donc beaucoup de méchanceté, de l’émotion mal placée et un zeste d’hypocrisie.

février 8, 2009 Posted by | actualités | 3 commentaires

le climatologue et le journaliste spécialiste de météo

Cette semaine sur Arte, une émission débattait des changements climatiques. Etaient présents : deux ou trois climatologues et un journaliste-spécialiste-de-la-météo-qui-ne-croit-pas-au-réchauffement, Laurent Cabrol. Il a d’ailleurs écrit un livre sur le sujet, inutile de le lire.

Par contre, ça valait le coup d’écouter ses arguments. Pour l’fun.

Son premier atout était bien simple : trop de monde, trop de scientifiques admettent la réalité du réchauffement climatique. En bon 68ard, ce Laurent ce Cabrol ne pouvait que se rebeller en sachant très bien qu’il trouverait pour le suivre toute une communauté touchée par sa « révolte ». Ah oui, je mets « révolte » entre guillemets car c’est une curieuse révolte que celle qui cherche à ne pas bouger, la révolte de la bernique en quelque sorte.

Son second argument, qu’il énonçait d’une voix grave de vieux sage et dont il abusait  était bien plus évident : on nous demande de modifier notre mode de vie au nom de doutes. Ah, ah ! Le mode de vie, c’est une réalité tangible, celle qui nous permet de partir en vacances aux Antilles et d’y louer un 4*4. Le doute, lui, est intangible, et l’intangible ne fait pas le poids… Bernique ! disait-il, je ne bougerais pas ! Voilà encore un bel argument qui nous remue les entrailles et nous pousse à caresser la télévision et tous les objets que nous chérissons. Le doute ne vaut rien et surtout pas quelque chose que je peux tenir dans la main.

Son troisième argument était très très rigolo. Laurent disait, « moi j’ai rencontré des scientifiques qui ne croient pas au réchauffement ». Des spécialistes de la libido peut-être… on n’en sait rien. Toujours est-il que ce monsieur avait rencontré des scientifiques, alors que les climatologues n’en rencontrent jamais car c’est bien connu, ces climatologues se cachent sous leurs bureaux dés qu’un collègue passe, ne prennent jamais l’avion, n’organisent aucune conférence et se terrent dans les entrailles de leurs simulations.

Laurent Cabrol est un fait social, il ne devrait pas être invité à des émissions sur le réchauffement climatique. Par contre, il aurait eu sa place dans une émission sur la musique Basta ou sur les habitudes culinaires de trifouilli les oies. Laurent Cabrol est une curiosité, une production de la société moderne, une monstruosité culturelle. That’s it.

décembre 17, 2008 Posted by | actualités, média, Politique | Un commentaire

Sarko-Mortaud, même combat.

Sarko n’a pas rencontré Obama, Obama aurait dû rencontrer Carla, il va rencontrer la dernière Miss France, Chloé Mortaud. Soi-disant.

Quelle histoire ! Trouvera-t-on un français dans le monde pour retenir l’attention de la star mondiale futur présidente des EU ? On l’espère. On se vexerait à moins.

décembre 11, 2008 Posted by | actualités | Un commentaire

Un petit lien rapide

Un article à lire absolument :

http://www.rue89.com/en-faire-un-sondage/2008/12/10/sondage-sur-les-sdf-a-question-simple-reponse-simpliste

décembre 10, 2008 Posted by | Uncategorized | Laisser un commentaire

La gauche comment ?

Depuis quelques années, le paysage politique français passe par des hauts et des bas, beaucoup de bas, qui le modifient en profondeur. Malheureusement ou heureusement, c’est selon, une évolution est inéluctable. Elle s’est déjà traduite par l’apparition (peut-être transitoire) d’un centre qui cherche à phagocyter le PS, par l’abandon du socialisme par le parti du même nom, par le désir de Besancenot de créer une nouvelle gauche et par la politique « d’ouverture » de Sarkozy.

Les modèles deviennent mouvant, des idéologies sont abandonnées alors que d’autres apparaissent. Tout semble confus et le bordel du PS n’en est que la face tragicomique.

L’inéluctabilité

Une idéologie n’est pas le fruit d’une pensée ex-nihilo mais la compilation simpliste des intérêts d’un groupe social. Le communisme est né avec l’apparition de la classe ouvrière et le capitalisme s’est développé parmi la classe dirigeante anglo-saxonne du XIXe siècle. Plus loin dans le passé, l’idéologie aristocratique a permit d’affermir la domination des envahisseurs de l’empire romain et plus près de nous le capitalisme financier moderne découle de la « démocratisation » de la bourse et de l’achat d’actions par la classe moyenne américaine.

Les idéologies suivent les transformations de la sociétés et ne les précèdent pas.

Elles sont dictées en partie par les caractéristiques de la société où elles sont énoncées, même si une certaine latitude ne peut être niée. La concomitance de l’apparition des utopies socialistes (3) prouve combien l’évolution des pensées politiques est parfois indépendante de notre volonté.

Pour comprendre les modifications des programmes et des idéologies des partis français, il est donc nécéssaire de comprendre les changements qu’ a subit la société française.

Par exemple, la précarisation du travail est un fait historique. On peut lutter mais ses conséquences psychologiques et politiques sont inéluctables. Il faut aussi accepter que pour une minorité importante, cela ne soit plus réellement un problème. Au contraire, le changement d’entreprise est devenu un désir autant qu’une nécessité.

Les voyages sont plus fréquents, que ce soit pour le travail ou pour le plaisir. Les ingénieurs parcourent le monde pour suivre leurs clients ou leurs fournisseurs, comment cela change-t-il leurs façons de voir les politiques économiques ? (Ne m’objectez pas que seuls les riches voyagent car ça ne modifie en rien mes propos. Premièrement, ces riches qui voyagent sont nombreux, et se comptent en centaines de milliers. A ce niveau là, ça devient une importante minorité. Deuxièmement, à l’époque de Marx comme aujourd’hui, les idéologies sont énoncées par les gens les plus éduqués. Ceux qui interprètent les désirs d’une classe ne font pas nécessairement parti de cette classe. Ce sont des politiciens ou des intellectuels, sincères ou non, qui sont nécéssairement influencés par leur propre éducation et parcours personnels.)

La crise écologique aussi modifie notre façon de voir le monde. Quels sont et quels seront ses impacts sur la politique ? L’apparition déjà ancienne d’un parti vert n’est que la partie emmergé de l’iceberg. Une nouvelle morale écologique apparaît. Par bien des aspects, elle est tout aussi conformiste et toute aussi oppressive (les radins) que n’importe quelle morale (je ne remets pas en cause sa nécéssité ni même son urgence).

La société a changé. Les partis réagissent avec retard. Les idéologies aussi. Elles évoluent brutalement, par surprise. C’est normal car elles font parti de nos moyen d’appréhender le monde et nous les conservons comme repère toujours plus longtemps que nécessaire.

Le pêché originel

Bien qu’une évolution soit inéluctable, nous avons néanmoins un rôle à jouer. Heureusement. Et nous sommes bien plus maîtres de notre destin que ne le furent nos prédécesseurs. Nous pouvons (nous devons) essayer de ne pas nous laisser aveugler par nos idéologies.

Un contre-exemple illustrera mes propos. Au début du XXe siècle, les communistes et la plupart des figures de la gauche (1) soutenaient la colonisation. Ainsi Léon Blum, le 9 juillet 1925, lors d’un discours devant le députés, s’exclame « Nous admettons le droit et même le devoir des races supérieures d’attirer à elles celles qui ne sont pas parvenues au même degré de culture et de les appeler au progrès réalisées grâce aux efforts de la science et de l’Industrie »… De leur côté, initialement, les communistes ont vu dans la colonisation un providentiel accélérateur de l’histoire en direction de la création d’un société communiste.

La gauche, obnubilé par le rêve d’un société sans classe, avait laissé de côté son humanisme et s’était laissée aveuglée par ses idéologies.

Aujourd’hui, nous avons mangé le fruit interdit.

Nous connaissons une bonne partie des conséquences de nos comportements. Nous savons que chacun de nos achats contribue à réchauffer la terre et à désertifier le sahel. Nous savons que notre rêve d’un agriculture industrielle tournée vers les agrocarburants contribue à affamer les plus défavorisés. Nous savons qu’une baisse des impôts signifie un appauvrissement, une augmentation des risques sanitaires et une ségrégation éducative plus forte pour les plus pauvres.

Nous savons aussi que la fin ne justifie pas tous les moyens. Nous savons que l’oppression israelienne ne justifie pas les attentats sur des civils. Nous savons que l’attaque de 1948 des pays arabes contre Israel ne justifiait pas le nettoyage ethnique. Nous savons que le 11 septembre ne justifie pas les guerres. Nous savons que la présence d’un haut responsable d’Al Quaida dans un village pakistanais ne justifie pas qu’un missile tue des innocents. Nous savons que le terrorisme ne justifie pas les restrictions des droits individuels.

Ma gauche à moi ?

Si nous admettons le caractère égoiste de nos idées politiques, pouvons-nous néanmoins fixer des limites à cet égoisme, pouvons nous créer une pensée politique qui ne serait peut être pas très précise, qui resterait pragmatique, à l’image des démocrates américains, et qui saurait néanmoins avoir des barrières morales, un humanisme que la droite de Sarkozy (2) cherche à faire sien ?

Être de gauche aujourd’hui ne peut pas seulement signifier la défense de la classe moyenne car la droite aussi prétend la défendre et cela peut se faire au détriment des plus pauvres(5). Non, être de gauche, c’est refuser de sacrifier les populations fragiles sur l’autel de la majorité. C’est refuser de relancer l’économie et de protèger la planête au détriment de ceux qui souffrent déjà (3).

Cette manière de penser sera de plus en plus importante dans les années à venir. Nous nous approchons d’un monde malthusien. La crise écologique qui s’annonce est si importante que nous aurons sans doute de plus en plus la tentation de privilégier le problème du réchauffement climatique au détriment des hommes (bien que les deux soient très liés, et qu’une action contre le réchauffement soit en réalité un bienfait pour l’homme). Peut-être auront nous aussi la tentation du totalitarisme. Nous savons comment la moindre peur (par exemple celle du terrorisme) nous amène à négliger des pans entiers du droit.

Donc, être de gauche, c’est avoir à l’esprit les plus faibles.

Ceci dit, est-ce suffisant ? Non.

Des compromis sont nécessaires. On ne peut gouverner qu’avec une majorité. L’enrichissement d’une grande partie de la population a déplacé le maximum de la courbe des revenus vers le centre. Il importe donc aussi de comprendre les desirata de ce « nouveau centre » et surtout de lui proposer des solutions. Sinon, Bayrou ou la droite s’en chargeront (ils s’en chargent déjà), et la gauche se retrouvera isolée, sans jamais plus avoir la possibilité de gouverner.

(1) à l’exception notable de Rosa Luxemburg.

(2) même si il y a beaucoup de poudre aux yeux, cf sa visite en Tunisie.

(3) Je dis « souffre », mais pourquoi pas ? Etre de gauche ne signifie que l’on doive n’utiliser que des mots froids et prétenduement objectifs pour désigner les problèmes de société.

(5) surtout que la classe moyenne est grande. On peut prendre favoriser les plus riches ou les plus pauvres de cette classe.

novembre 19, 2008 Posted by | Politique | , , | 2 commentaires

J-1 : une dernière petite rigolade

L’une de mes préférées du  daily show.

novembre 3, 2008 Posted by | Uncategorized | Laisser un commentaire

Les crises du capitalismes et les rêves socialistes

Il est entré dans la salle, tout excité par la nouvelle baisse de 10% de la bourse française. Deux jours auparavant, il rassurait une collègue… sur la capacité des gens à reconnaître les ressorts de l’oppression et à se révolter contre le système capitaliste, à la manière des journalistes et des chercheurs qui écrivent dans Le Monde Diplomatique et distinguent le changement et la révolution à chaque nouvel évenement social ou économique.

On veut espérer, croire, rêver. Peut-être faudrait-il mesurer, comprendre, construire.

On entend tout et son contraire, il y a du progrès ici, une régression là, et les tautologies s’accumulent comme les blogs sur le web.

Aux Etats-Unis, les démocrates sont favorisés par la crise lit-on un peu partout dans les journaux. En filigrane on comprend que les républicains sont favorisés par une capitalisme en bonne santé. Et à lire les réactions des « humanistes de gauche », on en vient à se demander s’ils ne souhaitent pas la bienvenue à une crise qu’ils imaginent volontier portant une rose au veston.

Mais revenons à ces républicains favorisés lorsque « tout va bien ». Marx divisait la société en classes aux intérêts divergents et luttant pour la plus grande part du gâteau. Quelques soient ses conclusions, quelques soient nos espérances, on ne peut pas nier la propension de l’homme à lutter pour lui-même et uniquement pour lui-même. Sur cela, il avait vu juste : chaque classe se bat pour son propre bien.

Laissons donc un instant de côté la solidarité et toutes ces fadaises. Dans une société comme la nôtre, où la classe moyenne supérieur est nombreuse, est-il possible d’espérer le progrès social, même lorsque certains indicateurs économiques (1) sont au vert ?

Pourquoi je pose cette question ? Bonne question justement. Je m’interroge sur le fonctionnement de la démocratie : on en parle souvent comme le règne de la majorité, mais c’est une vision très restreinte. Nous savons tous que nous ne sommes pas égaux, que notre richesse nous donne une influence sur les esprits. Essayons de l’intégrer dans le processus démocratique : on pourrait imaginer que le vote des riches a plus de poids que celui des pauvres. En raisonnant ainsi, on trouve que le poids politique d’une certaine partie de la population, disons la classe moyenne supérieure, possède un poids politique plus grand que ne semblerait l’indiquer son simple nombre. Bien sûr, mon raisonnement reste flou : il est difficile de cadrer cette soi disante classe moyenne supérieur. On ne peut pas parler en terme de pourcentage de plus riches, par exemple, car le sentiment d’appartenance, sentiment évidemment subjectif, compte pour beaucoup. Mais on peut néanmoins admettre que le poids de cette catégorie (2) augmente ou a augmente depuis un siècle.

Supposons maintenant que le poids politique de cette minorité soit devenu si grand qu’elle agisse comme une minorité de blocage. Cette frange aisée de la population pourrait se sentir menacée en temps de crise mais agirait sinon comme un stabilisateur (ou un conservateur) de la société puisqu’elle aurait le sentiment d’en retirer un avantage (subjectif).

Plus intéréssée par son statut de consommateur que de citoyen, l’homme de la classe moyenne supérieur ne voit plus vraiment le vote comme un modificateur social, mais plutôt comme un choix supplémentaire parmi tous ses autres choix de consommation. Pour lui, le vote se dissout dans toutes les autres possibilités que lui offre la société. De plus, l’impact de son vote reste bien plus faible que l’impact de ses choix de consommation. Par exemple, le temps passé à s’informer pour voter est relativement bien plus important au regard du bénéfice escompté que le temps passé à s’informer pour choisir le meilleur téléphone portable : dans ce dernier cas, un choix judicieux permet de faire des économies immédiates et d’en retirer une satisfaction plus importante.

Il me semble que pour notre individu virtuel, l’engagement politique n’a plus de sens. C’est-à-dire que ne distinguant plus l’impact de son propre vote, il en viendrait à toujours voter du centre-gauche au centre-droit, pour un changement tout au plus minime. Selon cette manière de voir, voter à gauche ou à droite n’a plus vraiment d’importance, et statistiquement, cette classe jouerait facilement le rôle de contre-poids, provoquant l’alternance et le retour de balancier sans donner aucune direction politique sur le long terme.

Selon moi, l’enrichissement de la société dans le cadre capitaliste a nécéssairement pour conséquences une stabilisation de cette société. J’entends déjà certaines personnes se réjouir : « mais puisqu’on est plus riche, où est le problème ? »

Le problème, justement, vient du modèle de société qui est ainsi véhiculé : une classe stabilisatrice riche, et une classe pauvre, peut-être peu nombreuse, mais ne disparaissant jamais car oubliée par la dictature de la majorité. L’idée qu’il y aura toujours des pauvres ne date pas d’hier mais elle ne prend pas en compte le fait que la masse des pauvres a singulièrement diminué depuis 2 siècles. Pourquoi le but de la société ne serait-il pas de faire disparaître complètement la misère ?

Est-il possible de lutter ? On peut l’espérer et ne pas y croire. Je lisais voilà quelques années un article d’un journal de la gauche américaine qui disait que l’on ne pouvait plus espérer de changement (de révolution?) dans les sociétés occidentales et que seules les sociétés du tiers-monde allaient être capables de trouver des idées et de gagner de nouvelles luttes.

Aujourd’hui, tout va mal. Mettons nous d’accord, cela ne signifie pas que tout le monde souffre, non, mais que les plus riches voient leur niveau de vie baisser. Relativement. Mais pas contre, déjà hier, au temps de l’argent facile (3), les plus pauvres ne s’enrichissaient pas plus. C’est néanmoins une expression significative : quand la proportion de gens qui souffrent réellement passe en dessous d’un certain seuil, elle est complètement oubliée.

Alors, comment faire pour diminuer la misère ? Il n’existe pas de seuil en dessous de laquelle elle serait supportable. Même si c’est l’impression qui est donnée par l’évolution de la société occidentale depuis la fin des trentes glorieuses.

(1) indicateurs qui n’ont pas de signification sociale, et en tout cas aucun autre sens que macroéconomique.

(2) qui resterait donc à définir précisement.

(3) lu dans Le Monde. Argent facile pour qui ? On aimerait le savoir.

octobre 15, 2008 Posted by | Politique | | Laisser un commentaire

La réthoriquitue

Ne jamais écrire le mot « évident » dans un article scientifique. Quel thésard peut prétendre ne jamais avoir entendu cette phrase ? Par prudence vis-à-vis des futur découvertes, ou bien tout simplement pour éviter le ridicule en cas d’erreur, l »évidence » est bannie des sciences. Ce n’est pas le cas en politique puisque les faits y sont toujours « évidents », les preuves nécéssairement « accablantes » et les rumeurs « bien connues ».

Cette réthorique qu’il m’arrive d’utiliser par énervement ou par fatigue, et je m’en veux alors profondément, est le dernier refuge de l’incompétence (1), la marque de l’ignorance, une tentative d’utiliser le mépris à la place de l’argumentation. Ainsi, un tel dira tu ne peux pas croire que … comme si le fait de penser que … était la preuve d’un handicap mental, d’un retard honteux. Il ajoutera, si vous vous obstinez, que tous les scientifiques savent que … , insinuant que vous avez la prétention d’en savoir plus que tous les scientifiques de la planète.

Cette forme « agressive » de la réthorique (2) est sans doute inévitable.

Quand je dis qu’elle est inévitable, je veux dire qu’on l’entendra toujours, quelque part, n’importe quand, aux hasard des statistiques. Mais surtout, surtout, évitons de l’utiliser nous même et condamnons la. Car ses effets pervers apparaîssent dans les lieux les plus improbables, entre les gamins des banlieux, les bans de l’école et les hommes politiques.

Ailleurs

La réthoriquitue et qui écrase est aussi bien utile pour bien nier. Pensons à Carole Barjon, capable d’écrire un livre sur François Chérèque, de le titrer Si on me cherche et de parler d’un homme courageux qui a été hué puis de dire de son livre qu’elle voulait recentrer le débat sur des questions fondamentales, comme la vie sociale. Ne voit-elle pas la contradiction ? Ne voit-elle pas la peopolisation qui la choque tant ?

Ailleurs, c’est aussi le sourire charmeur de Palin, la façon qu’elle a d’évacuer les questions (3) d’un petit sourire qui donne envie de devenir machiste. Machiste ? Mais justement, la réthoriquitue a un alter-ego, que Palin connaît bien : celui de la femme mignonne qui évite les questions en parlant de sa franchise, de son non-conformisme… Non-conformisme ? Celui qui se décrit ainsi, le répétant sans cesse comme un mantra, est bien souvent le plus conformiste qui soit. Et puis… demande-t-on au chercheur ou à l’étudiant d’utiliser des techniques originales ou bien demande-t-on qu’il trouve le résultat ?

Mais oui, j’oubliais, on s’en fout car la forme est plus importante que le fond. Voilà bien une vérité qui transcende les frontières.

(1) La violence est le dernier refuge de l’incompétence. Isaac Asimov, Fondation

(2) il existe aussi une forme « molle » qui consiste à dire que tout est affaire d’opinion et donc que tout est vrai.

(3) Je ne veux pas savoir si l’homme est la cause ou pas du réchauffement climatique, Sarah Palin lors du débat avec Biden

octobre 7, 2008 Posted by | philosophie, Politique, science | , | 3 commentaires

Photo : Ségolène en train de se caresser !

Il est vrai que ce n’est que la nuque. Surpris ? Vous vous attendiez à mieux ? Vous n’auriez pas dû.

Internet vit de la popularité, les blogueurs et les journalistes doivent accrocher l’oeil. Certes, les articles papiers voyaient déjà fleurir les titres sans liens avec le corps de l’article, mais Internet a fait exploser le phénomène. Pire, le spectaculaire est devenu notre pain quotidien, nous qui désespérons d’attirer l’oeil sur nos petits écrits : il est plus facile de trouver un excellent titre (comme un « concept » d’ailleurs, mot qui m’effleure la langue avec des pincettes) que de pondre un excellent article.

septembre 16, 2008 Posted by | média | , , | Un commentaire

Marianne : un journal comme les autres ?

2008 : Usain Bolt fracasse le record du monde du 100m. Un stastisticien curieux observant la répartition des 100m les plus rapides de l’histoire s’aperçoit que le record d’Usain Bolt ne s’intègre pas dans une distribution normale et, par provocation, écrit un article qu’il titre Usain Bolt : ce n’est pas normal. A sa vue, le sang de Régis Soubrouillard ne fait qu’un tour. L’occasion est trop belle de dénoncer ce que tous les journalistes français suspectaient (1): Usain Bolt est dopé. Aussitôt dit, aussitôt fait. L’article est écrit, Usain Bolt est trop rapide pour être honnête. Son record est du jamais vu ! (2) Usain Bolt a de prétendues prédispositions génétiques, il affole les chronomètres

Malgré les talents polémistes de Régis Soubrouillard, des lecteurs remarquent que le mot « normal » a ici un sens mathématique qui ne s’applique pas à une population extrème (les coureurs les plus rapides). En fait, l’auteur a tout simplement écrit sur un sujet qu’il ne comprenait pas. C’est déplorable mais l’ignorance n’est pas un défaut… pour autant qu’elle soit admise. Or dans ce cas précis, deux problèmes graves méritent d’être soulevés.

Le premier ne concerne que l’auteur de l’article qui a escamoté la première phrase de l’article d’origine : Usain Bolt’s wonderful run in the Olympic 200-meter sprint reminds us that the normal distribution — the familiar bell curve beloved by economists and statisticians — can be wildly inappropriate when analyzing extremely selected samples. Cette phrase exprime simplement ce que les lecteurs de Régis Soubrouillard avaient remarqué : la célèbre courbe en cloche de la distribution normal n’est pas adaptée à l’étude de populations très sélectionnées (en l’occurence, les sprinteurs). Régis Soubrouillard n’a-t-il pas compris le texte en anglais ou a-t-il volontairement détourné le sens de l’article de Justin Wolfers ?

Le second point concerne la politique éditoriale du journal lui-même. Une fois que des lecteurs ont dénoncé les erreurs de l’article, (et je n’en fait pas parti, je ne voyais pas l’intérêt d’en rajouter alors que d’autres l’avaient déjà fait), pourquoi Marianne2 ne décide-t-il pas d’enlever l’article, avec ses excuses ?

Ce n’est pas un problème politique ou de point de vue, c’est un fait que premièrement, le mot « normal » a été pris dans un sens qu’il n’avait pas, et deuxièmement, que la loi normal ne s’applique pas à l’étude des phénomènes extrèmes. Même si les journalistes ne le comprennent pas, c’est comme si il avait été écrit 1+1 = 3, ou plutôt, pour donner un ordre de difficulté légèrement moins vexant, 10000000000+123453554646 = 35347675768.

Le but d’un journal est-il de surprendre, ou d’informer ? Même un journal polémique comme Marianne devrait baser son ironie sur des faits, ou il cesse d’être un journal.

(1) Il ne faut pas être naïf quand même !

(2) Je ne comprend pas trop où est le problème : un record, c’est toujours du jamais vu.

août 29, 2008 Posted by | média | , , , , | 2 commentaires